Je me trouvais un jour en Israël, à Tsphat (Safed), patrie des qabbalistes, et reçus au
cours d'une nuit, en songe, une information très forte dite en ces termes :
« Tu ne quitteras pas cette ville sans avoir rencontré ton grand-père. »
Très étonnée de ce message - car je ne me connaissais pas d'ancêtre juif - je réalisai
soudain que nos généalogies ne tiennent compte que de nos origines « terre », d'ordre animal
- si je me permets de donner à cette qualité toute la noblesse de sa violence - mais que
nous avons aussi une origine « céleste », je veux dire par là : « spirituelle ».
Est-ce lui, ce « grand-père » caché, qui me conduisit un jour à découvrir tant d'erreurs
d'interprétation, voire de traduction, de nos textes sacrés et, d'entrée de jeu, celle du
premier chant des Psaumes qui, en réalité, dit :
« Heureux l’Homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants… il est comme un arbre
planté à la rupture des eaux… »
Rupture entre les « Eaux-d ‘en-Haut » et les « Eaux-d'en-Bas » qui, tout d'abord « unes »,
sont séparées par Dieu- 'Elohim, puis aussitôt unies par une sorte de cordon ombilical
venant nourrir les Eaux-d'en-Bas de celles d'en-Haut, au deuxième jour de la Genèse.
Pour tous les textes sacres l'eau symbolise l'inconnu :
- inconnu divin qui, cependant, se fera connaitre clans un infini dépassement de toute
contradiction pour les Eaux-d‘en-Haut ;
- inconnu fait d'énergies potentielles appelées à être réalisées, pour les Eaux-d'en-Bas.
Ainsi l'Homme est-il cet arbre qu'a vu le Psalmiste, un arbre puisant aux deux sources de
vie. Celui aussi dont témoigne le jeune aveugle guéri par le Christ clans les Évangiles, et
qui s'écrie : « Je vois un homme, il est comme un arbre qui marche !»
Par notre Père et Dieu créateur, nous sommes d'origine divine et les cheveux de notre tête
en sont symboliquement les racines visibles à nos yeux ; elles furent bien longtemps
honorées par les peuples qui se souvenaient : la mèche d'Allah laissée sur le haut du crâne
des bébés en Islam, comme la petite natte qui reliait au Tao pour les Mandchous de la
dynastie Qing chinoise, étaient encore bien vivantes au siècle dernier.
Et, dans notre tradition, l'ange du Seigneur annonce à la femme de Manoah, alors stérile,
qu'elle allait mettre au monde un fils :
« Le rasoir ne passera pas sur sa tête, dit-il, parce que cet enfant sera consacré à Dieu
dès le ventre de sa mère... », et nous connaissons les exploits de ce fils nommé Samson,
dont toute la force se trouvait puisée dans les cheveux.
Les cheveux informent les reins, dit Ia médecine chinoise, les reins qui se chargent de Ia
force procréatrice et de Ia puissance créatrice. Nos pieds enfoncent invisiblement leurs
racines dans Ia terre et les genoux sont symboles de naissance. II est bien certain que nous
sommes issus du monde animal. N'est-ce pas d'un « rampant de ce monde » : Remesh - du
dernier rampant vide des entrailles divines
- que l"Adam est créé (« Créer » - Bara' en hébreu - peut être Iu : « dans le voir », ou «
poser dans le voir - poser l'altérité ». Mais qui peut être autre que Dieu ? Créer, pour
Dieu, est comme se vider de lui-même ; ce qui introduit ici une notion de vide-plein) ?
« Ce dernier créé », nous est-il dit, est non moins riche que tous, de Ia Semence divine qui
fonde chacun et qui lui permettra d'entrer dans le concert divin. À cette image, une seule
de nos cellules animales ne contient-elle pas l'information du corps tout entier ? Nous en
avons fait l'expérience scientifique avec le clonage d'une brebis : elle fut concluante !
Cependant, ce n'est pas par la voie scientifique que l'Homme pourra devenir Dieu, mais par
la puissance qui, seule, nait sur l'enclume du cœur ou l'Homme vient déposer le fer de son
être dont le forgeron divin fera de l'airain puis de l'or ! Tous mes ouvrages expriment
notre rôle d'acteur dans cette opération secrète et merveilleuse que l'humanité tout entière
est appelée à vivre avec son Dieu, lorsqu'elle aura pris conscience de sa noblesse.
Tel l'Arbre - pour en revenir à cette image fondatrice - l'Homme a bien les pieds sur terre,
mais il respire et s'illumine du monde divin. De cette double origine il hérite. De cette
double origine hérite aussi toute chose qui n'a de vie que reliée à l'objet du monde divin
qui la fonde ; coupée de lui, elle crée la peste.
À sa naissance en ce monde, l'enfant se souvient encore du ciel, et ce souvenir s'estompe
peu à peu tout au long des cinq premières années de sa vie, pour être pris en relais par une
mémoire religieuse collective qui n'est plus qu'icône - et souvent déformée - de son modèle.
Bientôt l'icône trahira son origine et ne parlera que d'un ciel étranger à l'Homme, un ciel
qui le domine et le juge. Et ce sera au tour de l'Homme de le rejeter et de vivre un désert
au cœur duquel il mourra, ou mutera.
J'avais eu la grâce d'amorcer cette mutation lorsqu’à Tsphat, il y a quelque cinquante ans,
je rencontrai ce « grand-père » ... Ma filiation divine passait donc par Israël - non l'État
politique - mais le peuple pétri de sa Tradition à l'infinie richesse. Et c'est une de ces
richesses que je voudrais laisser en ce dernier livre.
Je puise ce nouveau trésor dans la généalogie de l’’Adam, nom du premier homme dont le mythe
biblique fait celui de l'humanité tout entière : hommes et femmes.
Cette généalogie nous est contée tout au long des quatrième et cinquième chapitres de la
Genèse ; les noms de ces patriarches nous sont alors donnés comme étant ceux des étapes de
l'humanité traversant les temps.
L’humanité se présente alors comme un fœtus au sein de notre matrice cosmique pour y assumer
une gestation de neuf mois dont chacun des « mois » semble être constitué de deux mille
cents années réelles.
J'obtiens ce nombre en méditant sur la lettre Waw, de valeur 6, qui coordonne, et donc unit,
les temps de vie.
Lorsque le prophète Daniel annonce :
« l'oppression des saints pour un temps, deux temps et la moitié des temps », il annonce la
durée de chacune des étapes de vie de !'Homme vécues par chacun des six premiers
patriarches, pendant les six premiers mois de gestation du fœtus adamique ; les neuf
patriarches qui assument les trois derniers mois semblent échapper à cette « oppression » ;
cela se confirmera au cours de notre méditation.
Mais ces « temps » d'oppression sont rendus par le mot hébreu Mo’adim : s'il est lu Modaïm,
il est traduit par « deux temps » ; il permet alors d'entendre la prophétie parler de : « un
temps, deux temps, et Ia moitié d'un temps »,
Et si le nombre 6 s'impose ici au niveau des centaines, la vie symbolique de chacun des
patriarches présidant aux six premiers mois de gestation du fœtus adamique est donc de : 600
+ 1 200 + 300 = 2 100 ans.
Or ce nombre se trouve être confirmé scientifiquement comme étant celui de Ia durée de vie
d'une constellation zodiacale. Le zodiaque préside à l'iconographie scripturale de nos
cathédrales, ces cathédrales étant elles-mêmes orientées selon sa loi. Le zodiaque, nous dit
I‘astrophysique, est parcouru par le soleil en une année de 365 jours, mais l'axe de la
Terre, dû à son mouvement de toupie, se décale de 1 degré tous les 72 ans. Il met 26 000 ans
pour faire le tour du zodiaque.
Cette bande zodiacale a été découpée en douze secteurs qui font parcourir à l'axe de la
Terre (en douze fois) 2 160 années.
Aujourd'hui la position du lever du soleil le 21 mars se fait selon un alignement de la
constellation des Poissons, et cela depuis 2 100 ans ; il est en train de la quitter pour
entrer dans la constellation du Verseau. Cette constellation des Poissons s'est donc ouverte
sur la naissance du Christ.
Or, tout nous indique dans les Évangiles que Jésus de Nazareth, à sa naissance, ouvre le
sixième mois de gestation cosmique : Marie reçoit la visite de l'ange au sixième mois de
l'année et rend tout aussitôt visite à sa cousine Elisabeth, alors enceinte de six mois de
celui « qui tressaille de joie dans le sein de sa mère à la vue de son Seigneur » et qui
deviendra le prophète Jean-Baptiste.
Si je pars de cette ouverture du sixième mois de gestation cosmique comme étant la date zéro - ce que l'inconscient collectif a fait -, c'est Metousha'el, le sixième descendant, qui
l'inaugure et qui fait alors apparaitre le premier 'Adam, dix mille cinq cents ans avant
notre ère.
Aujourd'hui, vivant tous dans la dernière centième année après les deux mille ans
d'existence de Metousha’el nous nous trouvons à la veille de la naissance du septième
descendant, soit au début du septième mois de notre gestation cosmique, et nous savons
combien le nombre sept donne ouverture à un total bouleversement !
Soit :
© Annick de Souzenelle